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Notre blog

Au bon endroit avec LEARN

Publié le 22 septembre 2022

 

Le blogue « Au bon endroit » présente une série d’articles du projet COM-Unity mettant en vedette des conversations avec nos partenaires. Au cours de chaque conversation, nous essayons de mieux comprendre comment l’appartenance prend forme au sein de leurs communautés. Nous cherchons aussi à comprendre l’influence que les lieux que nous habitons exercent sur nous, et comment nous les influençons à notre tour.    

 

Partie 3 : Les espaces d'apprentissage

avec Ben Loomer, coordonnateur du project «mon appartenance» du réseau LEARN (Leading English Education and Resource Network)

Image : Chemises orange perlées, un symbole de soutien aux survivants des pensionnats autochtones, créées par des élèves dans le cadre d'un projet Take Action en deuxième année de "I Belong". Source : Site Web de I Belong. 

La conversation d’aujourd’hui se déroulera avec Ben Loomer, coordonnateur du projet I Belong (« mon appartenance ») du réseau LEARN (Leading English Education and Resource Network). Ben adore assister à la magie qui opère en coulisses lorsqu’on élabore des programmes d’enseignement qui permettent aux élèves de se surpasser parce qu’on leur donne une voix – et, dans la foulée, un sens à leur vie et un sentiment d’appartenance. Le projet I Belong du LEARN (partenaire de COM-Unity), qui en est à sa troisième année, en est un parfait exemple. Il propose en effet un apprentissage artistique diversifié à quelque 1 400 élèves d’écoles anglophones du Québec.  
 

À l’instar de nombre de nos projets de partenariat, I Belong est né durant la pandémie. En tant que programme scolaire, cela signifiait qu’il devait pouvoir s’adapter aux changements constants de lieux où il se déroulerait – de la salle de classe à l’extérieur, en passant par en ligne, voire ailleurs. Et même si les enseignant.e.s, les administrateur.trice.s et les élèves ont dû s’ajuster à la situation, les récits de réussite ont prouvé que les défis peuvent parfois donner lieu à de nouvelles possibilités plutôt qu’à des limitations. 

La conversation a été modifiée pour des raisons de concision. 

 
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COM-Unity : Dans le cadre de cette série, nous aimons toujours commencer la conversation en la situant dans un espace physique. Où se déroule le travail de LEARN?  

Ben Loomer : Eh bien, je suis très heureux de vous parler des nouveaux bureaux de LEARN, à Laval. Ces magnifiques espaces nous permettront d’offrir au personnel enseignant et aux partenaires davantage de perfectionnement professionnel en personne, comme nous le faisions par le passé, avant la pandémie. Nous disposons également d’un espace vert citadin avec une forêt; nous sommes plus ou moins à la limite de celle-ci. 

Auparavant, j’allais dans les écoles pour nouer des liens avec le personnel enseignant, les élèves et la direction, mais cela n’est plus le cas. Or, je suis certain que de nombreux enseignants et enseignantes ont saisi l’occasion d’aller simplement dehors avec leur classe, ou ont exprimé leur intérêt pour l’apprentissage extérieur afin d’encourager leurs élèves à profiter des avantages que cela procure en matière de santé et de bien-être. 

Au cours des dernières années et en particulier à cause de la pandémie, LEARN a commencé à offrir au personnel enseignant des activités de perfectionnement professionnel sur l’apprentissage extérieur et l’éducation en plein air. Nous aimons imaginer des façons d’intégrer cet espace [vert] à notre quotidien! 

Mais l’emplacement de LEARN à Laval ne change en rien notre mandat provincial et le fait que nous travaillons avec toutes les écoles anglophones du Québec. 
 
 

C-U : Le personnel enseignant et les élèves ont dû s’adapter à la pandémie et aux modifications apportées aux lieux d’apprentissage. En quoi cela a-t-il eu un impact sur I Belong?  

B. L. : Quand nous avons lancé le programme I Belong, l’objectif était que des artistes [se rendent] dans les écoles. Mais nous avons rapidement compris que la réalité était tout autre. C’est pourquoi nous avons créé une expérience en ligne réunissant tant les artistes que les enseignant.e.s et les élèves, et j’aime à penser que ce changement a été pour le mieux : il nous a permis d’apprendre, mais aussi d’être créatif et de réfléchir au stress et aux réalités découlant de la pandémie. 

Nous avons également réfléchi à l’importance de rassembler les anglophones des régions urbaines, rurales et isolées afin qu’ils explorent ensemble les questions de vitalité et de communauté : quel est l’impact de faire découvrir aux élèves de Montréal et des régions rurales les films des uns et des autres? [dans le cadre de leur participation au festival de cinéma sur les récits numérisés de I Belong]. En quoi leurs expériences se ressemblent-elles ou diffèrent-elles? Sachant que les résidents des communautés rurales peuvent déménager en ville et vice-versa, pourraient-ils dans une certaine mesure nouer des liens [en tant que membres de la communauté anglophone], ce qui serait plutôt sympa? 

Autre conséquence inattendue de diriger le programme I Belong durant la pandémie : nous n’accumulions plus nécessairement de coûts de déplacements. Nous avons plutôt dû nous tourner vers des outils comme Zoom ou les dossiers partagés. Quoi de plus excitant que de voir un artiste de Montréal travailler avec des élèves de Gaspé, de la Basse-Côte-Nord ou des Cantons-de-l’Est, et les rencontrer cinq fois plutôt qu’une seule, parce que le budget alloué au logement ou au transport n’a pas été dépassé!  

 

C-U : Il semble que l’aspect numérique du projet ait ouvert de nouvelles possibilités d’apprentissage, notamment en permettant de réunir des personnes géographiquement éloignées. L’apprentissage en ligne a-t-il également changé la façon dont les élèves travaillent avec l’espace physique qui les entoure? Pensons en particulier au projet de baladodiffusion, dans lequel les élèves étaient encouragés à intégrer les sons de leur milieu de vie. 

B. L. : Je lève mon chapeau à des artistes comme Guillaume [Jabbour, artiste sonore qui a guidé les élèves vers la création de balados sur l’apprentissage de l’anglais ou du français en tant que langues secondes], qui a été capable de mettre à contribution son talent artistique pour faire naître un dialogue et une réflexion chez les élèves participant aux défis linguistiques. 

Guillaume leur a notamment montré comment utiliser le son ambiant pour raconter une histoire ou pour créer une atmosphère dans laquelle se trouvent des gens. La plupart des enregistrements ont été réalisés dans des écoles; l’un des défis était donc de trouver des endroits tranquilles pour le faire. Ces établissements sont en effet très animés et bondés de jeunes! Je pense que [les balados] reflétaient vraiment l’énergie (et la réalité) de ce qui se passe dans les écoles.  

Nous avons également un projet Take Action (« passer à l’action »). Il s’agit d’une des options associées à I Belong, et qui tient lieu de projet d’apprentissage par l’engagement communautaire dans lequel les élèves prennent part à une initiative destinée à changer les choses dans leur communauté. Par exemple, des élèves de [l’école secondaire] James Lyng ont utilisé une subvention Take Action en collaboration avec un producteur de musique pour réaliser un album axé sur les thèmes de l’identité et de l’appartenance. Fait intéressant avec l’art, on commence toujours quelque part, et cela finit par évoluer ailleurs. Ainsi, nos réflexions sur les expériences de vie ont engendré des conversations sur l’embourgeoisement, les cheveux et l’identité, et des propos comme : « Je vis l’embourgeoisement du quartier Saint-Henri ». 

 

C-U : Il est important d’écouter ce que les jeunes ont à dire lorsqu’on leur donne une plateforme pour s’exprimer! Quels sont leurs idées ou leurs défis par rapport à l’appartenance ou à l’identité en tant qu’anglophones dans la province?  

B. L. : Je tiens à mettre le doigt sur la complexité du sujet et sur le fait que l’identité anglophone est différente de celle d’il y a vingt ans. Nous comptons de plus en plus de jeunes qui peuvent passer de l’anglais au français, et vice-versa. Certains vécus ne sont plus d’actualité, [ou] du moins plus comme les anciennes générations les voyaient. Qu’est-ce que cela signifie? Nous sommes en train de le découvrir! Et la réalité n’est pas celle à laquelle nous nous attendions. Par exemple, nous travaillons avec des élèves de 5e ou de 6e année, soit de 10 ou 11 ans. Et ils n’en sont pas encore au stade comme nous, adultes, où ils pensent aux politiques ou aux identités linguistiques. Mais nous avons pu lancer dans des conversations axées sur ce genre de questions, comme : qui suis-je? Qu’est-ce qui est important pour moi? Où est-ce que je me situe? C’était vraiment super d’amorcer cette discussion. 

En particulier pour les élèves qui sont différents. Eux-mêmes disaient vouloir ressentir un sentiment d’appartenance et d’acceptation, au lieu de se sentir isolés en raison de leur identité. Il y avait aussi des commentaires sur le genre et la race; les jeunes essaient de se retrouver dans ce contexte et de savoir qui ils sont au Québec. Ils veulent se faire accepter – et, comme l’a dit un élève, ils ne veulent pas se sentir « mis à l’écart » parce qu’ils sont différents.  

 

C-U : Nous sommes en septembre et l’année scolaire ne fait que commencer, ce qui est très excitant! Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la troisième année du projet I Belong?  

B. L. : Oui! En fait, nous allons changer un peu les choses. Par le passé, nous prévoyions deux rondes assorties chacune de trois options. Or, en raison de l’échéancier légèrement condensé de I Belong cette année, nous avons décidé de ne faire qu’une seule ronde avec six options : fanzine de bandes dessinées, baladodiffusion (qui établit un lien entre l’anglais et le français en tant que langues secondes), art des marionnettes, création parlée, récits numérisés, et « Passer à l’action », qui prend la forme de projets d’apprentissage par l’engagement communautaire. 

Même si je ne suis pas vraiment artistique, je sais que l’art est important, parce qu’il permet aux conversations de se poursuivre. J’aime quand un jeune crée quelque chose qui peut être examiné par des pairs et des adultes, pour ensuite donner lieu à une nouvelle discussion. Ce processus encourage les jeunes à essayer de comprendre qui ils sont et ce qu’ils veulent devenir. Tout cela grâce à l’art et aux questionnements sur leur identité : est-ce qu’ils utilisent des mots comme « anglais » ou « français » ou « Québécois », ou simplement « c’est ainsi que je suis en tant que personne, en tant que citoyen ou citoyenne de demain »? Voilà ce que notre projet nous a donné : des occasions d’expérimenter, d’apprendre et d’agir. C’est vraiment passionnant. 

Nous vous invitons à découvrir sur le site Web de I Belong certaines des créations réalisées au cours des deux dernières années dans le cadre du projet I Belong de LEARN. 

Rapport I Belong 20212022  

 

Le personnel enseignant des écoles anglophones du Québec est invité à s’inscrire au projet I Belong. L’échéance est le 7 octobre 2022. Détails dans le site Web de I Belong. 

 

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