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Notre blog

Au bon endroit avec Aînés Action Québec

Publié le 24 avril 2023

Le blogue « Au bon endroit » présente une série d’articles du projet COM-Unity mettant en vedette des conversations avec nos partenaires. Au cours de chaque conversation, nous tentons de mieux comprendre comment l’appartenance prend forme au sein de leurs communautés. Nous cherchons aussi à comprendre l’influence que les lieux que nous habitons exercent sur nous, et comment nous les influençons à notre tour.  

 

Partie 7 : Réseaux de santé et centres d’appartenance

avec Katia Toimil-Bramhall, directrice générale d’Aînés Action Québec (AAQ)

 

Une carte de titre pour le projet vidéo COM-Unity de la SAQ, Je Me Souviens

Aujourd’hui, nous nous entretenons avec Katia Toimil-Bramhall, directrice générale d’Aînés Action Québec (AAQ), réseau provincial qui rassemble les organismes communautaires offrant des services aux personnes aînées. Dans la conversation, Katia partage son point de vue quant à l’importance des organismes communautaires régionaux et à leur rôle dans l’établissement d’un sentiment d’appartenance pour et avec les aînés anglophones locaux. Elle insiste par ailleurs sur l’importance de reconnaître les aînés non pas comme un groupe monolithique, mais plutôt comme des membres de communautés précises. Enfin, elle explique les répercussions qu’a eues la pandémie de la COVID-19 sur les communautés lorsque les aînés dont celles-ci dépendent de l’engagement bénévole ont vu leur action déstabilisée.  

 

La conversation a été modifiée pour des raisons de concision.

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COM-Unity : Nous aimons commencer le blogue en demandant des précisions de base : AAQ se trouve à Montréal, mais rassemble également les aînées et aînés anglophones du Québec tout entier, ce qui se reflète bien dans le projet vidéo Je Me Souviens: Portraits of Who We Are. Pouvez-vous nous parler de tous ces lieux représentés dans les vidéos?

 

Katia Toimil-Bramhall : Pour la première ronde de vidéos, nous nous sommes demandé : « Alors, que signifie être un Québécois ou une Québécoise anglophone? Comment voit-on le Québec quand on a 60, 70 ou 80 ans, comparativement à il y a 40 ans? » Et nous voulions essayer d’obtenir un maximum de points de vue de différentes régions. Je pense que nous avons fait 13 vidéos : nous avons eu deux personnes de Montréal, un couple des Laurentides, un homme des îles de la Madeleine, une femme de Rouyn-Noranda – donc en Abitibi-Témiscamingue –, deux personnes de l’Estrie, et une autre de Kamouraska.

 

C’était pour la première ronde. Puis l’an dernier, pour la deuxième, nous avons légèrement dévié notre attention pour nous concentrer sur cinq organisations : d’abord, le Réseau de développement et de prévention afro-canadien (RDPAC) à Montréal), le Conseil pour les anglophones madelinots (CAMI) et le Comité d’action sociale anglophone (CASA) en Gaspésie, avant de nous rendre en Abitibi-Témiscamingue auprès de Neighbours [Regional Association], et enfin dans la ville de Québec auprès de Voice of English-speaking Quebec (VEQ).

 

L’idée était de nous concentrer sur ces cinq organisations, parce qu’elles offrent toutes un centre ou des programmes de bien-être pour personnes âgées. En outre, elles travaillent directement avec ces personnes pour faire diverses activités. Les vidéos montrent d’ailleurs à quel point ces groupes communautaires créent un sentiment d’appartenance avec leurs communautés respectives.

 

CU : Quel genre de différences régionales observez-vous dans les enjeux auxquels font face les aînés et les obstacles que ces centres d’accueil les aident à surmonter?

 

KTB : Il faut garder à l’esprit que beaucoup de communautés anglophones vivent en petits groupes dans différentes régions. Par exemple, aux îles de la Madeleine, elles sont toutes concentrées dans quelques secteurs. À Gaspé, ces groupes se retrouvent le long de la Baie-des-Chaleurs et autour de la baie de Gaspé. Pour rendre visite à quelqu’un, une voiture est nécessaire, donc les personnes âgées qui ne conduisent pas peuvent rapidement se retrouver isolées. Certaines d’entre elles ont de la famille, mais parfois, cette famille ne se trouve pas ici [au Québec]. Alors, comment prévenir l’isolement des aînés dont les membres de la famille ne se trouvent pas nécessairement à proximité?

 

C’est la raison pour laquelle ces groupes communautaires, leurs programmes et leurs centres de bien-être jouent un rôle si important pour les aînées et aînés anglophones, car ils leur permettent de sortir de la maison et d’interagir avec d’autres personnes. C’est vraiment comme une communauté au sein d’une communauté au sein d’une communauté, si vous voyez ce que je veux dire – par exemple, la majorité des aînés anglophones noirs avec qui le RDPAC travaille vient des Caraïbes. C’est donc une communauté vraiment très spécifique!

 

CU : Oui, effectivement; et ce que vous dites prouve que même si nous nous améliorons pour parler d’intersectionnalité, parfois, on oublie d’y intégrer la notion d’âge. La société encore du mal à ne pas traiter les personnes âgées comme un bloc monolithique, même si, comme vous le dites, comme tout être humain, elles vont avoir des besoins précis en matière de sentiment d’appartenance.

 

KTB : C’est ce qui ressort vraiment de la deuxième série de vidéos par rapport à la première, parce qu’entre autres, nous avons par défaut travaillé avec des perspectives et angles différents, et nous avons pu voir à quel point ces groupes créent un esprit communautaire au sein de leur collectivité. Quand il y a un esprit communautaire, il y a un sentiment d’appartenance, peut-être pas nécessairement à la province tout entière, mais tout au moins à la communauté.

 

Et vous savez, les membres du personnel en tirent eux aussi indirectement un sentiment d’appartenance. Parce qu’ils savent qu’ils font réellement quelque chose pour leur communauté. Il en résulte une belle circularité fondée sur la réciprocité, où tout le monde ressent des bienfaits.

 

CU : Wow, j’adore cette idée! Une question probablement évidente vu que nous parlons de groupes communautaires anglophones et de centres de bien-être : quel a été l’impact de la COVID-19 sur ces groupes, et quelles en ont été les répercussions sur le bien-être des aînés, notamment dans les régions moins peuplées?

 

KTB : J’ai commencé à travailler à Aînés Action Québec en décembre 2019. J’étais la deuxième employée à être engagée [alors que cela faisait près de dix ans que l’organisme était entièrement géré par des bénévoles]. Et j’ai été embauchée pour réaliser deux tâches précises ainsi qu’aider en quelque sorte au fonctionnement quotidien et à la croissance de l’organisme. Tout était établi en février 2020. Et puis boum, mars 2020 arrive. Nous avons dû nous revirer de bord très rapidement et tout changer. Tout ce qui était censé se faire en personne est passé en ligne, et il fallait parallèlement continuer de travailler avec les organismes et essayer de poursuivre nos échanges, étant donné que nous fonctionnons principalement selon le mode de partage continu d’information.

 

C’était un défi énorme, car comme vous le savez, toutes les personnes âgées n’ont pas nécessairement des compétences technologiques très poussées, ou ont de la difficulté à utiliser certaines technologies. Sans oublier qu’elles n’ont pas non plus toutes un grand revenu disponible. Elles n’ont pas toutes accès à Internet ou à un ordinateur. En fonction du lieu où elles vivent dans la province, la connexion Internet peut être plus ou moins bonne. C’est donc devenu une immense source de stress pour les organismes et les familles, et beaucoup d’organisations ont dû remodifier leurs services afin de juste aider les aînés au jour le jour.

 

Les besoins concernaient surtout les services de base : comment leur faire parvenir leur épicerie, leurs médicaments, leur nourriture? Gérer leurs services bancaires était un énorme défi. Vous savez, les personnes âgées avaient l’habitude d’aller à la banque pour déposer leurs chèques ou payer leurs factures. Comment leur montrer le fonctionnement des services bancaires en ligne? Quand la vaccination a commencé, tout le monde a obtenu un code QR. Mais tous les aînés n’ont pas un iPhone ou un téléphone Android. Alors comment pouvaient-ils se déplacer s’ils n’avaient pas de preuve de vaccination?

 

Toutes les organisations ont dû faire face à ce genre de choses, sans compter un autre aspect qu’on tend souvent à oublier : la plupart des bénévoles des groupes et organismes communautaires sont des aînés. Ces organisations ont donc perdu une grande partie de leurs bénévoles!

 

CU : Oh, effectivement, wow. La pandémie a vraiment fait ressortir ces réseaux informels de soins auxquels les aînés contribuent et qui leur sont aussi indispensables, n’est-ce pas? Quand il devient nécessaire de donner une structure formelle ou institutionnelle à ces choses, on voit alors tout le travail qui est fait.

 

KTB : Absolument. Personnellement, j’espère que les gens réalisent à quel point les personnes âgées sont importantes, à quel point elles contribuent, [même si] on ne le voit pas nécessairement. Qu’ils ne se disent pas seulement : « Elles en ont bien profité ». Elles contribuent encore et de nombreuses façons à la société et aux groupes communautaires – elles travaillent en première ligne en ayant en quelque sorte un effet tampon entre les organismes gouvernementaux et la communauté. Il est par conséquent important de montrer également la valeur des organisations, groupes communautaires ou organismes sans but lucratif – peu importe comment vous voulez les appeler –, la valeur des gens qui travaillent en première ligne avec les auxiliaires de vie, les proches aidants, les personnes âgées, les mères, les tout petits et bien d’autres. Il faut montrer la valeur de ces organismes d’un point de vue sociétal ainsi que sous l’angle de leurs communautés respectives.

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Vous trouverez de l’information sur le projet de la 3e année de COM-Unity en partenariat avec AAQ sur le site de COM-Unity, ici, de même que sur le site d’AAQ, ici.

N’oubliez pas de suivre notre initiative et AAQ sur les réseaux sociaux pour ne rien manquer des projets de notre 3e année : fb @COMUnityQC / tw @COMUnityQC / fb @seniorsactionquebec/ yt @seniorsactionquebec1559

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