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Au bon endroit avec BCRC
Publié le 24 novembre 2022
Le blogue « Au bon endroit » présente une série d’articles du projet COM-Unity mettant en vedette des conversations avec nos partenaires. Au cours de chaque conversation, nous essayons de mieux comprendre comment l’appartenance prend forme au sein de leurs communautés. Nous cherchons aussi à comprendre l’influence que les lieux que nous habitons exercent sur nous, et comment nous les influençons à notre tour.
Partie 5 : la répresentation et l’appartenance avec Ayana Monuma, coordonnatrice du projet « Where They Stood » du Black Community Resource Centre (BCRC)
Aujourd’hui, nous nous entretenons avec Ayana Monuma, coordonnatrice du projet Where They Stood du Black Community Resource Centre (BCRC). Créée dans le cadre du projet COM-Unity, l’initiative Where They Stood du BCRC en est à sa deuxième année et explore l’histoire de la communauté noire anglophone de Montréal, vue et racontée par les jeunes. Pendant la première année du projet, les jeunes du BCRC ont écrit un livre. Ils travaillent maintenant à donner vie au livre en l’adaptant pour créer une série de films d’animation.
Dans cette conversation, Ayana parle de l’importance d’offrir aux jeunes Noirs anglophones du Québec des possibilités qui leur donnent un sentiment d’appartenance grâce à une meilleure représentation ainsi que des compétences utiles qui peuvent les aider à trouver un emploi dans les secteurs du cinéma d’animation et du jeu, qui sont en pleine croissance à Montréal. Elle souligne également comment, grâce à ces possibilités d’emploi, les jeunes Noirs pourront changer le paysage de la représentation dans les médias.
La conversation a été modifiée pour des raisons de concision, et traduite en français.
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COM-Unity : Puisque cette série d’articles s’intitule « Au bon endroit », nous aimons toujours commencer la conversation en demandant à nos invités quel est cet endroit pour eux! Où se trouvent les bureaux du BCRC et à quoi ressemble cet endroit?
Ayana Monuma : Les bureaux se trouvent sur le chemin de la Côte-des-Neiges, près [de l’épicerie] Maxi et en face du centre commercial. C’est un quartier très diversifié et vivant, en ce sens qu’il y a toujours beaucoup de personnes qui s’y déplacent à pied. On y trouve beaucoup de petites entreprises locales, de restaurants et d’épiceries. C’est un quartier très, très diversifié. J’aime être ici, c’est très vivant : il y a des parcs et beaucoup d’enfants et de parents qui mènent leur train-train quotidien. C’est vraiment un beau quartier.
C-U : Parlant d’« endroit », le nom du projet, Where They Stood (là où ils se tenaient) semble capter l’essence même de ce concept. J’aimerais que vous me parliez du titre du projet et du lien avec les lieux, l’histoire et ceux qui nous ont précédés.
AM : Pour le projet de livre, nous avons organisé une réunion avec les jeunes dans le cadre de laquelle nous avons fait un remue-méninges pour trouver un titre qui représentait ce que nous essayions de faire. À nos yeux, le titre Where They Stood évoquait une belle image des gens mentionnés dans le livre et des lieux où ils se trouvaient réellement, ici, à Montréal, lorsqu’ils ont mené leurs luttes.
Une fois le titre [choisi], nous avons pu faire une séance de photos [pour la couverture]. Et nous avons choisi de la faire sur une voie ferrée. C’était significatif et un clin d’œil à la genèse de l’histoire des Noirs à Montréal, à une époque où les emplois dans les compagnies de voies ferrées étaient les seules que les hommes noirs pouvaient obtenir pour faire vivre leur famille. Donc le titre Where They Stood rendait vraiment justice au projet et à ce que nous essayions de faire et de représenter avec ce projet.
C-U : Alors, ce qui a commencé par un projet de livre rédigé par des jeunes pour documenter l’histoire de la communauté noire anglophone de Montréal devient maintenant une série de films d’animation. En quoi consiste ce processus pour les jeunes?
AM : Pour le projet de films d’animation, chaque jeune recruté a choisi un chapitre du livre. L’idée est qu’il ou elle s’inspire de ce chapitre et le représente visuellement. Il s’agira d’une série d’environ dix épisodes de deux ou trois minutes chacun, en animation 2D.
Le BCRC souhaitait donner une latitude créative complète aux animateurs et animatrices. La seule exigence est qu’ils doivent s’inspirer du chapitre pour créer leur épisode. Sinon, ils sont libres d’interpréter visuellement le chapitre comme bon leur semble. Certains sortent des sentiers battus avec leur film d’animation, tandis que d’autres suivent la trame habituelle. Ils décident comment procéder. Ils choisissent la trame sonore. La seule chose que nous faisons, au BCRC, est de veiller à ce qu’ils aient les ressources nécessaires pour réaliser leur projet.
C-U : J’adore le concept. Quelle façon créative de poursuivre le projet de l’an dernier! Comment avez-vous choisi le film d’animation comme support cette année?
AM : Notre choix a été guidé par les collaborations que nous étions déjà en train de constituer vers la fin du projet de livre. Nous étions en voie de conclure un partenariat avec Cinesite, une entreprise de production en 3D. L’idée est partie de là!
Mais le partenariat avec Cinesite n’était que la première étape. Depuis, nous avons pu collaborer avec Toon Boom [Animation], un fabricant de logiciels, qui a donné beaucoup de licences pour le projet. Nous avons également acheté son didacticiel de formation. Les jeunes suivent actuellement ce cours de 110 heures pour apprendre à utiliser le logiciel. J’ai ensuite reçu beaucoup d’appui et d’aide du département de film d’animation de l’[Université] Concordia, [qui] a fait de ce projet une possibilité de stage pour ses étudiants. Nous avons pu recruter trois stagiaires pour le projet, qui aident maintenant les jeunes et agissent comme mentors. Quelques enseignants en cinéma d’animation du [Collège] Dawson ont aussi accepté d’animer des ateliers. Donc grâce à Concordia, à Dawson, à Cinesite et aux stagiaires, nous avons pu offrir beaucoup d’ateliers sur Zoom et en personne à nos jeunes!
Mais la principale raison pour laquelle nous penchions pour le cinéma d’animation est qu’il y a peu de Noirs, et encore moins de Noirs anglophones, dans ce domaine ici, au Québec. Notre objectif est d’offrir aux jeunes une formation gratuite en cinéma d’animation afin qu’à la fin du projet, ils aient des portfolios qu’ils pourront utiliser pour trouver un emploi dans ce secteur ou poursuivre des études supérieures. Voilà notre véritable objectif. Nous voulons non seulement créer une série où on diffuse des images positives des Noirs, mais aussi aider ces jeunes Noirs anglophones à améliorer leurs chances d’accéder au marché du travail ou d’avoir une carrière.
C-U : Dans la description du projet Where They Stood, on parle d’augmenter le sentiment d’appartenance à la communauté des jeunes Noirs anglophones. Vos réflexions précédentes sur la représentation positive l’évoquent, mais je me demandais si vous pouviez nous expliquer plus en détail comment les aspects représentatifs de ce projet aident à créer un sentiment d’appartenance?
AM : La représentation est très importante. En tant que Noire, par exemple, et étudiante à Concordia, je suis restée bouche bée lorsque je suis entrée dans mon premier cours cette année et que j’ai constaté qu’il était donné par une femme noire. Quel bonheur, mais aussi quel choc! C’est incroyable à quel point le seul fait que ma professeure soit noire me donne envie de faire de mon mieux dans ce cours.
Sur le même principe, il est très important et bénéfique que les jeunes voient des images de gens qui leur ressemblent à la télévision, faire de bonnes actions ou leur enseigner l’histoire de l’endroit où ils vivent. En leur assurant qu’ils ont leur place ici, même s’ils ne se reconnaissent pas dans les représentations qu’ils voient tous les jours ou dans les articles en magasin, avec un peu de chance, cette série les inspirera ou les aidera à comprendre qu’ils sont là parce qu’ils sont ici chez eux.
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Vous trouverez des informations sur le projet de la 3e année de COM-Unity en partenariat avec le BCRC sur le site de COM-Unity, ici, ainsi que sur le site du BCRC, ici.
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